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samedi 24 décembre 2016

Joyeux Noël !

Noël : Une étoile

Pour que le monde soit plus beau, Seigneur, je voudrais allumer des étoiles dans la nuit.

Une étoile du regard
pour un peu de lumière
dans le coeur de ceux
à qui personne ne fait jamais attention.


Une étoile d'écoute 
pour un peu de chaleur
dans le coeur de ceux 
à qui personne ne donne de temps.


Une étoile de parole
pour un peu de joie procurée
par quelques mots
d'encouragement, de merci, de tendresse.   


Une étoile de service pour un peu de partage
avec des mains qui se tendent, 
qui travaillent, qui s'unissent.


Une étoile de parfum
pour respirer à fond la vie, 
pour admirer et ressentir
les merveilles qui nous entourent.



Je voudrais, Seigneur, 
allumer juste quelques petites étoiles
pour conduire le monde jusqu'à toi.


Danielle Sciaky

lundi 12 décembre 2016

Le mot d'accueil de la St Eloi

Suite à nos articles précédents, voici la mot d'accueil de Dominique pour ladite St Eloi

"Bonjour à tous,

 Nous nous retrouvons aujourd’hui pour cette fête de St Eloi au terme d’une année qui nous a apporté bien des difficultés surtout lors de la moisson ou toutes les récoltes estivales ont été impactées et parfois de manière catastrophique.

  Lors de la préparation de cette même célébration l’année dernière qui faisait suite à une moisson record, un des participants nous rappelait qu’il fallait savoir rester humbles, que la nature était à nos côtés et que certes notre travail était facteur de réussite, mais que, une part du fruit de la récolte nous était donnée. Nous ne pensions pas vérifier si rapidement, si violemment la pertinence de cette réflexion. Alors que, en ce début d’année la plaine était prometteuse nous pensions et moi le premier, que l’année 2015 allait se répéter, nous avons tous en hommes responsables et aimant notre métier tout mis en œuvre pour que ces espoirs se concrétisent. Ensuite tout le monde s’en souvient, nous avons vu les cultures se dégrader et malgré toute notre technique, nos produits phytosanitaires nous nous sommes tous retrouvés des spectateurs impuissants et aussi incrédules, devant ce qui nous arrivait. La nature qui bien souvent se montre généreuse cette année nous a fait défaut .


 L’Evangile que nous avons retenu pour la messe d’aujourd’hui nous rappelle notre fragilité humaine. L’humilité face à la nature, à ce qui nous dépasse n’est pas la résignation mais plutôt l’acceptation de nos limites. Le pouvoir des hommes sur la création s’est accru mais il n’est pas illimité".

jeudi 8 décembre 2016

Saint Eloi 2016. Une crise du sens de l'homme...

Suite au constat réalisé par le groupe de préparation de la St Eloi relaté dans l'article précédent, Joël propose aux célébrants un support pour l'homélie.

Pistes pour l'homélie de la St Eloi

Si vous le pouvez, le mieux est de vivre un partage avec les agriculteurs de votre paroisse où ils expriment ce qu’ils vivent actuellement et où on cherche ensemble la manière dont la Parole de Dieu peut éclairer leur vie)

* (Accroche pour commencer l'homélie) : « Régulièrement on me fait remarquer ironiquement qu'il y a de moins en moins de gens qui usent les pavés des églises,... ce qui n'est pas vrai en ce jour de Saint Eloi. A cela, je réponds aussi régulièrement que ce qui m'inquiète et inquiète sûrement le Seigneur, ce n'est pas l'usure des pavés, c'est ce que devient notre humanité, notre société. » Dans une société gagnée par le pessimisme, la Parole de Dieu peut éclairer les raisons de nos difficultés et proposer des orientations.

* En effet derrière les difficultés économiques, politiques, sociales qui marquent l'agriculture mais aussi bien d'autres domaines, c'est une crise du sens de l'homme qui se joue. Deux conceptions en effet s'affrontent. Il y a une conception individualiste où la société est une juxtaposition d'individus qui défendent chacun ses intérêts et il y a une conception relationnelle où l'homme ne peut s'épanouir qu'au sein d'une communauté humaine solidaire. La question nous est alors posée : quelle conception nous habite ?

* Lors d'une émission télévisée présentant des personnes ayant réussi économiquement, il était demandé à l'un d'eux ce qui le motivait à être riche ; il avait répondu : « Comme cela, je n'ai besoin de personne ». Il avait oublié qu'il avait eu besoin de quelqu'un pour naître mais cela n'est pas étonnant car l'individualisme impacte autant la famille que la vie économique.  Il oubliait aussi que de multiples manières nous sommes inter-dépendants ; le fait de payer ne supprime pas la reconnaissance à avoir pour ce que l'autre nous apporte.

* Le chacun pour soi défait peu à peu le lien social et rend difficile la vie ensemble. Un sentiment dominant tend à s'installer qui est celui d'une perte de confiance, perte de confiance envers le monde politique, perte de confiance envers les médias... la méfiance s'installe et domine les relations. Le dénigrement des autres catégories sociales semble être un sport prisé. L'autre qui vient vers moi, surtout s'il est différent, m’apparaît dans cet esprit comme quelqu'un d'intéressé, peut-être un concurrent et quelquefois comme une menace. Plus rarement comme offrant une collaboration possible.

* L’intérêt général est autre chose que l’addition d’intérêts particuliers. Mais comment le faire comprendre dans la sphère économique ? Comment dépasser l’immédiateté ?

* Cela peut-il durer ? Au nom de notre foi chrétienne qui nous invite à nous aimer les uns les autres, nous sommes porteurs d'une autre conception de l'homme. En effet l'approche individualiste et utilitaire est nocive pour notre humanité. L'homme est d'abord un être qui a besoin de relation. Le lien à l'autre fait partie de sa nature et il est nécessaire à son épanouissement. La vie ensemble est un point de départ et elle est aussi un objectif essentiel : établir une vraie fraternité entre tous. Il s'agit de construire ensemble le bien de tous. Le salut que le Christ est venu apporter à l'humanité est d'abord, et avant tout, une réconciliation, une communion.

* Heureux ceux qui s'investissent -et il y en a- dans la vie professionnelle, associative, civique pour créer du lien, imaginer et construire avec d'autres. Heureux ceux qui le font avec patience et persévérance malgré les difficultés. Le bonheur se construit avec les autres et non pas au détriment des autres.


* C'est notre dignité de nous sentir responsables non seulement de nous-mêmes mais aussi de ceux qui vivent avec nous sur cette terre. Souvent il y a déjà un intérêt économique à travailler ensemble mais c'est plus profondément une question d'humanité que d'être engagé dans des liens amicaux et cordiaux. Les relations nous enrichissent intérieurement et l'être est plus important que l'avoir. Nous connaissons le slogan : « nous avons plus besoin de voisins que d'hectares ». Est-ce qu'il n'y a pas trop peu de gens à y croire ?

* Certains pourraient dire qu'une telle conception dans le monde actuel n'est pas réaliste mais laisser notre société  se déliter dans un libéralisme sans frein, est-ce réaliste ? Un jour ou l'autre, il faut payer la facture.

* En cette fête de Saint Eloi, nous nous rappelons que c'est donc au travers de notre vie de travail et de loisirs que nous avons à œuvrer pour une communion entre tous : mettre en relation en considérant a priori que les différences peuvent être sources de richesse, prendre le temps du dialogue gratuit, aimer construire avec d'autres des projets qui sont des progrès humains. Mais aussi quelquefois aider à se comprendre, à dépasser des conflits, travailler à des réconciliations. C'est une grâce à demander à Dieu car trop souvent les tendances individualistes sont plus puissantes que les tendances à la fraternité et à la communion.

vendredi 2 décembre 2016

Saint Eloi 2016. La diversité en agriculture

Comme chaque année, Joël a préparé avec un petit groupe d'agriculteurs la fête de la Saint Eloi très prisée dans le diocèse.


Quelques remarques sur la situation actuelle en agriculture.

L'an dernier, le sujet du regard sur la situation actuelle a porté sur la ruralité (lien). Il est  toujours possible de s'y référer. On peut ajouter que les questions autour des réformes des intercommunalités n'ont pas perdu de leur acuité.
Pour l'agriculture, l’événement le plus remarqué a été l'impact des aléas climatiques sur les productions végétales et notamment les pertes importantes de rendement pour ces productions. Cependant les situations sont contrastées selon les exploitations et les productions de betteraves et de pommes de terre  peuvent adoucir les pertes liées aux rendements céréaliers.



Ce qui reste le plus préoccupant sur le moyen terme est la stagnation des prix ainsi que leur volatilité non-maîtrisée. En effet ces mauvaises moissons ne sont que très locales, dans une partie de l’Europe. La récolte mondiale de céréales est plutôt en hausse, et les cours relativement bas. La qualité médiocre est donc d’autant plus pénalisée, décotée. Pour les productions animales, lait et viande (mis à part en ce moment le porc) sont toujours en grande difficulté soumis à la pression de la grande distribution commerciale.

Dans tout cela, ce à quoi il faut sans doute être le plus attentif, ce sont les agriculteurs en difficulté ; certains vont devoir mettre la clé sous la porte, ce qui est toujours un drame. Il ne faut pas oublier non plus le faible revenu que procure à certains leur travail.
Un sentiment très répandu chez les agriculteurs est que le gouvernement français comme la commission européenne n'ont plus vraiment  de politique agricole, ce qui les fragilise dans la compétition mondiale. Compétition mondiale où nous ne devons pas oublier que, si nous avons de rudes concurrents, nous ne sommes pas non plus les plus mal placés et que certains pays qui en ont un besoins crucial voient leur agriculture malmenée parce qu'ils n'ont pas les moyens techniques et financiers nécessaires.

Dans beaucoup de  régions françaises comme la nôtre, le ratio installations/départs en retraite reste très mauvais. Tout le monde reconnaît ce dommage mais les moyens ne sont guère mis en place pour y remédier.
Face aux difficultés, certains gardent confiance dans les grandes coopératives ou recherchent  une capacité à faire face par des formes de  coopération  comme les CUMA intégrales.(Coop d’utilisation de matériel qui nécessite concertations en réseau de proximité, prises de décisions et investissements en commun, et aussi coordination au quotidien pour organiser le travail, les chantiers).

Le souci de la protection de l'environnement est maintenant largement répandu chez les agriculteurs et en particulier les plus jeunes mais le désaccord subsiste quant aux nouvelles contraintes extérieures qui s'imposent régulièrement à eux.  Ils vivent mal aussi la pression des médias.

Le bio a maintenant également pris place dans le paysage agricole et figure parmi les options possibles ; un accompagnement est assuré par des organismes agricoles. Cependant l'adéquation entre le désir de bio, la demande réelle et l'offre demande encore à se réaliser.

L'informatique n'a pas pénétré que les bureaux mais aussi les machines, les élevages.  La façon de travailler est révolutionnée et continuera de l'être. Le coût et les aléas de la nature peuvent cependant gêner cette automatisation . Le risque peut être aussi pour l'agriculteur la dépossession des données de son exploitation au profit des firmes.
L'investissement dans la recherche des utilisations non alimentaires, en particulier des carburants se poursuit  et progresse ; notre région est en pointe avec Bazancourt.


Ce qui est frappant, c'est la diversité actuelle qui s'installe entre  agriculteurs. Cette diversité peut venir du mode d'agencement entre foncier, moyens d'exploitation, conduite de l'exploitation et réalisation des travaux. Elle peut aussi venir des essais concernant les modes de travail du sol, les productions choisies, la conduite de ces productions et leurs  modes de commercialisation. Il y a là toute une recherche qui est soutenue par des projets comme celui de la ferme 112. On pourrait dire autant d'agriculteurs, autant de projets.