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lundi 17 avril 2017

Enquête sur les catholiques : "les festifs culturels"

Dans l'enquête "Qui sont vraiment les catholiques" (lien), voici le sixième et dernier profil, "les festifs culturels".
Sur la-croix.com


Pour eux, Jésus est : le fondateur de leur religion.

Être catholique, c’est : être baptisé.

Leur spiritualité : la religion est de l’ordre du patrimoine commun, elle est un élément important de leur identité. Elle est essentiellement là pour rassurer, pour apporter une protection à leur famille.

Leur pratique : ils vont à l’église pour les rites de passage, les fêtes de famille – mariages, baptêmes, enterrements. Ils demandent des rites à l’Église mais peuvent les vivre avec une certaine distance. Ils allument un cierge, donnent à des associations caritatives… Ils sont attachés à l’aspect culturel, au folklore et aux traditions (les crèches, le clocher…). Ils apprécient assez la messe en latin.

Leur lieu : la paroisse, mais souvent ils décrochent de la pratique avec les regroupements paroissiaux. Ils sont faiblement engagés, mais on peut les trouver dans la catéchèse.

Leur sociologie : ce sont ceux qu’on appelait les « non-pratiquants ». Ils représentent la plus grande masse des catholiques engagés. Ils sont de milieu populaire, mais pas uniquement.

Leurs figures de référence : une marraine, une grand-mère…

Leur vote : orienté à droite ; c’est le groupe qui a le plus fort électorat FN, même s’il reste minoritaire (22 %, correspondant à la moyenne nationale).
Très peu favorables à « La manif pour tous », ils ont un taux élevé de défiance à l’égard du pape dont ils n’acceptent pas les prises de position sur les migrants. À leur égard, ils sont très hostiles.


Quand le diacre qui les préparait au baptême de leurs enfants leur a demandé pourquoi elle et son mari n’étaient pas mariés religieusement, Sabine l’a reconnu : elle aurait bien aimé se marier à l’église, « avec la robe blanche », mais ils avaient déjà leurs deux garçons, quand elle et son mari sont passés à la mairie.
Peu importe, « l’essentiel », pour cette chaleureuse responsable d’une boutique de prêt-à-porter à Cholet, était que ses enfants soient baptisés : « C’était quelque chose de fort pour moi. Je sais qu’au-dessus de moi, il y a quelqu’un qui va les protéger. C’est ma conception de l’Église. Ceux que j’ai aimés et qui sont morts aussi vont les protéger. Parfois dans les épreuves, je leur dis : protégez-moi. »
Sabine ne va à l’église que pour les baptêmes et les enterrements, mais elle se dit heureuse d’être marraine plusieurs fois. Son lien à l’Église et à ses racines catholiques, elle le doit à sa grand-mère, morte il y a un peu plus d’un an, et à laquelle elle était très attachée : « Quand on partait en voyage, elle nous disait qu’elle allait prier pour nous. Ça a beaucoup compté pour moi et je fais comme elle. Ce ne sont pas vraiment des prières mais plutôt des pensées, ça me rassure. »
Souvent, il lui arrive d’aller déposer un cierge à la chapelle de Haute-Foy, dans la campagne de son enfance. Elle et son mari ne manquent jamais une occasion de s’arrêter pour visiter les églises quand ils voyagent – « les clochers sont le symbole de notre religion ! » – mais aussi les autres lieux de culte. « En vacances au Maroc, raconte-t-elle, nous avons pris un guide pour nous présenter la mosquée et nous aider à mieux comprendre l’islam. Nous avons des amis musulmans mais nous voulons mieux comprendre. »

Céline Hoyeau



lundi 10 avril 2017

Enquête sur les catholiques : "les saisonniers fraternels"

Dans l'enquête "Qui sont vraiment les catholiques" (lien), voici le cinquième profil, "les saisonniers fraternels".
Sur la-croix.com



Pour eux, Jésus est : l’exemple de l’amour vécu ; ils sont moins attachés à sa personne qu’aux valeurs qu’il incarne (la générosité, l’accueil, l’ouverture aux autres).

Être catholique, c’est : être baptisé, vivre le partage.

Leur spiritualité : leur foi ne trouve pas forcément ses mots mais se manifeste dans des engagements solidaires et dans la convivialité des fêtes vécues en famille. Ils apprécient les belles célébrations et portent le désir de transmettre à leurs enfants l’héritage religieux reçu dans leur enfance.

Leur pratique : marquée par le rythme saisonnier; ils vont à la messe pour Noël, Pâques, la Toussaint… La dévotion qui leur est la plus familière est le don d’argent à des organisations caritatives.

Leur lieu : la paroisse. Comme les festifs culturels, ils sont peu engagés, mais on peut les trouver dans la catéchèse.

Leur sociologie : hétérogène. On a peu d’informations sur eux, notamment sur leur âge, mais on peut faire l’hypothèse que ce sont d’anciens conciliaires ou les enfants de ces derniers qui vont moins souvent à la messe.
Leurs figures de référence : l’abbé Pierre, Sœur Emmanuelle… Ils sont très majoritairement favorables au pape François, devant les inspirés et les observants.
Leur vote : orientés vers la gauche et le centre droit. Ce sont les plus hostiles au FN et à « La manif pour tous ».
À une immense majorité, ils sont pour un accueil inconditionnel des migrants.


Issu d’une famille de huit enfants, fils de parents très pratiquants – un « exemple de vie » pour lui –, Bruno de Boisgelin a longtemps fréquenté l’église de son village avec assiduité. Jeune homme, il a même intégré pendant deux ans le grand séminaire d’Avignon. « Puis j’ai pris beaucoup de recul sur la religion en général, et sur l’Église en tant qu’institution en particulier », affirme cet ancien directeur de cabinet de la mairie socialiste de Bourg-lès-Valence (Drôme) aujourd’hui retraité.
Mais sa vie ne s’est pas pour autant déroulée à l’écart du christianisme. « Ce qui m’a toujours guidé, ce sont les Évangiles, déclare-t-il, car ils sont porteurs de deux valeurs fondamentales : l’amour et la liberté. » Ainsi, s’il ne se rend pas chaque semaine à la messe dominicale, Bruno de Boisgelin cultive cet attrait et se rend volontiers à l’église pour les grandes fêtes, qui sont autant d’occasions de retrouver sa grande famille, notamment ses trois filles. « Quand je vais à la messe, c’est avant tout pour vivre des temps de partage avec des gens que j’aime », décrit-il, mettant en avant l’importance de la prière « comme un temps personnel de ressourcement ».
Désireux de mettre en pratique les valeurs auxquelles il croit, au premier rang desquelles la fraternité, Bruno de Boisgelin a été engagé en politique pendant de nombreuses années. Encarté au Parti socialiste, cet humaniste, admiratif de l’abbé Pierre et du pape François, a aussi été très investi dans le tissu associatif de la Drôme. Pour lui, l’accueil des migrants doit être inconditionnel : « J’aurais aimé que les chrétiens descendent aussi nombreux dans la rue pour demander des conditions dignes pour les réfugiés et contre les inégalités que pour “La manif pour tous”… »

Marie Malzac




lundi 3 avril 2017

Enquête sur les catholiques : "les inspirés"

Dans l'enquête "Qui sont vraiment les catholiques" (lien), voici le quatrième profil, "les inspirés".
Sur la-croix.com


Pour eux, Jésus est : une personne rencontrée lors d’une expérience de conversion, avec qui ils entretiennent une relation personnelle, un dialogue quasi continu.

Être catholique, c’est : se convertir toujours plus intégralement, faire entrer ­Jésus dans tous les aspects de sa vie. Leur foi est une histoire d’amour, un chemin vers le bonheur.

Leur spiritualité : pour eux, la foi se transmet par le témoignage. Ils accordent une grande importance à la liturgie, attendant de la messe qu’elle soit communautaire, vivante et recueillie. Comme les observants, dont ils sont proches, ils apprécient la messe en latin.

Leur pratique : messe, en particulier dans les rassemblements ; pèlerinage, chapelet, adoration du Saint-Sacrement…

Leur lieu : la communauté charismatique (l’Emmanuel, Chemin-Neuf, Fondacio…) ou la paroisse qui lui a été confiée, le groupe de prière… Ils attendent de l’Église un visage spirituel.

Leur sociologie : ils se présentent comme des convertis alors qu’ils ont souvent grandi dans une famille catholique. Mais ils ont réinvesti leur vie de foi, jugée formaliste ou superficielle avant leur « rencontre avec Jésus ». On trouve parmi eux tous les univers sociaux et classes d’âge.

Leurs figures de référence : Tim Guénard, Jean Vanier, Daniel-Ange, P. René-Luc…

Leur vote : orienté majoritairement à droite voire vers le FN.
Pour un quart proches de « La manif pour tous », ils sont majoritairement frileux à l’égard des migrants mais favorables au pape François.


Anne-Lise Rouyer, 34 ans, professeur d’arts plastiques à Toulouse

Dernière de six enfants, elle a grandi dans une famille catholique mais se présente comme une « convertie ». « J’avais toujours eu la foi en Dieu mais je n’avais pas encore rencontré Jésus », explique Anne-Lise Rouyer en évoquant le « cœur à cœur avec le Christ » qui a fait basculer sa vie de foi, à 19 ans, lors d’une adoration du Saint-Sacrement. À l’adolescence, après « le drame familial » de la séparation de ses parents, Anne-Lise avait cessé de pratiquer, « très déçue » d’une Église qu’elle trouvait alors « étriquée ». Sans toutefois perdre la foi. C’est par des lectures tous azimuts, y compris New Age, qu’elle découvre un jour, sans le savoir, l’oraison et reprend le chemin de l’Église, demandant à être confirmée.
Ce Jésus qu’elle a rencontré, Anne-Lise ne va « plus le lâcher ». Elle s’engage pendant sept ans aux Semeurs d’espérance, une association qui anime des veillées d’adoration et des maraudes auprès des sans-abri à Paris. Là, elle apprend à connaître ceux qui vont devenir pour elle des modèles : Daniel-Ange, Sœur Emmanuelle, le P. Ceyrac, Jean Vanier, Stan Rougier… Autant de témoins qui incarnent l’Église dont elle rêve : « Des amoureux de Jésus, avec le cœur brûlant et cette audace d’aller jusqu’au bout, dans le don d’eux-mêmes. » Jeune maman, elle regrette de n’avoir plus autant de temps pour aller à la messe en semaine ou devant le Saint-Sacrement, mais cherche à « donner le plus d’amour possible, de l’espérance et le goût du ciel ». Soucieux d’une cohérence de vie, elle et son mari ont choisi de s’installer non loin d’une fraternité Lazare, à Toulouse, où cohabitent jeunes professionnels et anciens sans-abri. À Noël, ils étaient à Saint-Girons, en Ariège, pour animer avec la paroisse une mission d’évangélisation.


Céline Hoyeau