Cette année encore, le CMR Ainés organise sa session de formation les 8 et 9 novembre 2018 à la Maison Sainte Croix de Belleu (près de Soissons).
Session 2015
Thématique 2018 : « Du temps pour qui, pour quoi?»
Temps subi ou temps choisi!
Intervenants Jean-Yves Baziou, Guy Bertrand, Joël Morlet. Cette session est ouverte à tous. Infos complémentaires et inscriptions avant le 20 octobre auprès de Denise Mahaut (03.26.88.95.04)
Cette homélie proposée par Joël s'appuie sur le travail préparatoire réalisé avec un petit groupe d'agriculteurs et présenté dans notre précédent article.
Au
moment où vous, agriculteurs (et artisans), vous vous présentez devant le
Seigneur, c’est avec le paquet de tous les défis que vous vivez : défis de
toute nature, économiques, sociaux et politiques : recherche d’un revenu
décent et d’un travail épanouissant, relations avec les autres acteurs de
l’agro-alimentaire, pression sur les questions environnementales, exigences
administratives de l’État…
C’est
difficile de les laisser à la porte de l’Église car, venant remercier le
Seigneur du don qu’il nous a fait de la Création, nous savons que ces défis
sont au cœur de cette mission confiée d’être des gérants de ce don que le
Créateur nous a fait : nourrir les êtres humains, vivre ensemble en
harmonie et construire la communauté humaine, mettre en valeur la
création.
Les
valeurs de l’Evangile doivent rester bien vivantes en nous pour que les
décisions et les orientations à prendre soient conformes à ce que le Seigneur
attend de nous : respect de tout être humain et spécialement des plus
fragiles, souci de la construction de la communauté humaine au travers de la
recherche du Bien commun, de la justice et de la solidarité. Sans cesse des
situations nouvelles, de nouvelles connaissances nous obligent à repenser la
manière dont ces valeurs doivent guider notre action.
Ce
qui menace notre monde est un individualisme négatif qui ne prend aucun soin
des plus fragiles, du lien social et du bien commun de notre société alors que
« tous, nous sommes responsables de tous » selon l’expression du pape
Jean-Paul II. L’épisode
de la guérison du sourd-muet par Jésus peut éclairer le chemin à prendre pour
résister à ce qui menace notre humanité. Le danger est de ne plus être capable
d’écouter, de ne plus juger utile de parler alors qu’il nous faut être capable
d’entendre et de prendre la parole.
Cette
surdité et ce mutisme touchent particulièrement ceux qui connaissent des
difficultés et dont la vie familiale et personnelle est menacée : face à
une situation très difficile, ils n’entendent plus, ils ne parlent plus et peu
à peu ils s’enferment incapables de faire face à cette situation. La trappe se
referme peu à peu et la solitude gagne. Face à ces situations, il est d’autant
plus urgent qu’ils puissent rencontrer quelqu’un qui les écoute et leur parle.
C’est difficile mais il ne faut surtout ne pas se détourner ou rester
indifférent par facilité.
Mais
c’est sans doute plus globalement qu’il nous faut réapprendre à écouter, à
s’écouter, à parler, à se parler. L’individualisme qui équipe d’œillères peut
quelquefois conduire à l’autisme. Le refus de l’autre, de ses convictions et
choix différent se mue en agressivité et en colère. Pour
que notre parole soit juste, il faut que notre écoute soir réelle. Dans ce
monde complexe, il est si facile de simplifier, de penser en noir et blanc.
« Trois minutes pour comprendre » : tel est le slogan d’une
radio ; qu’est-ce qui peut être compris en trois minutes ?
L’Espérance
est un autre fondamental de l’Evangile ; aujourd’hui c’est de ne jamais se
décourager d’écouter et de parler. Il y faut de la sagesse et du courage pour
entendre et dialoguer dans la diversité et la complexité de notre monde. Le
chrétien est un homme de communion, de rencontre, voire de réconciliation.
Partager,
s’écouter, se parler, n’est-ce pas le cœur de l’Eucharistie que nous célébrons.
Comme nous l’entendions dans la première lecture, nous avons certainement
besoin du Christ et de sa force pour rester dans le monde d’aujourd’hui des
gens persuadés qu’il est important de perdre du temps à parler à son voisin,
qu’il faut rester ouvert sur le monde afin de découvrir la diversité et la
richesse des autres. Il est peut-être difficile de s’asseoir autour d’une table
pour envisager ensemble une situation et réfléchir à une solution partagée mais
c’est ce que le Seigneur a voulu faire en partageant notre humanité, en
s’asseyant pour un repas avec des apôtres dont il ne connaissait que trop les
limites.
Comme chaque année, Joël a préparé avec un petit groupe d'agriculteurs du diocèse la fête de la Saint Eloi. Voici l'état des lieux fait à cette occasion.
Actualités du monde agricole et rural
*
Actuellement ont lieu les Etats généraux de l’alimentation qui regroupent un
grand nombre d’acteurs de notre société. Ils traitent de la création de valeur
autour de l’alimentation, de la répartition de cette valeur ainsi que de la
production d’une alimentation saine et durable.
* L’épisode
de la pénurie de beurre sera peut-être oublié dans un mois mais il illustre les
relations difficiles entre producteurs, transformateurs et grandes surfaces (3
des acteurs de ces Etats généraux). C’est comme une illustration du premier.
Mais dans le même temps, un dialogue est engagé au travers d’une opération
« Éleveur & Engagé » pour rémunérer le producteur au juste prix.
* L’année
2016 a été une année noire pour l’agriculture et a aggravé la situation de
nombre d’agriculteurs. 2017 n’a pas permis de rattraper les manques de
rémunération. De nombreux agriculteurs se retrouvent en difficulté et il n’est
pas rare que cela conduise au suicide. Le soutien à apporter à ces personnes et
leurs familles doit être une réelle priorité.
* Notre
diocèse est marqué par une profonde tradition de coopération. De grands groupes
coopératifs internationaux existent (Vivescia, Cristal Union...) ; ils
pèsent dans le commerce mondial et génèrent de la valeur mais leur dimension
tend à les éloigner des agriculteurs de bas et cela n’est
pas sans créer des tensions. En même temps, la propension à faire naître et
vivre des coopérations à un niveau plus restreint reste bien présente : mise en
place de méthaniseur, rachat par un Groupement foncier agricole mutuel de
terres pour maintenir un agriculteur, Groupement de développement agricole,
mise en commun de matériel (il est intéressant de repérer ce qui se fait sur
le territoire de la paroisse).
* Dans cette
actualité où les questions de nourriture ont pris beaucoup de place, les médias
tendent à durcir l’opposition entre « agriculture conventionnelle »
et « agriculture bio ». La réalité du terrain montre plutôt une
diversité ; il y a une recherche tâtonnante et constante de beaucoup
d’agriculteurs, quelquefois réunis en association, pour tenir compte des
nouvelles connaissances scientifiques et produire une alimentation saine et
respectueuse de la nature. Plus globalement, les exploitations agricoles
tendent à se diversifier sur beaucoup de plans : foncier, modes de
travail, choix de productions...
* Il faut
aussi mentionner l’international ; actuellement c’est le traité de
libre-échange entre le Canada et l’Union européenne (CETA) qui focalise les
débats mais il y a d’autres négociations entre pays riches. Par ailleurs il ne
faut pas oublier les pays moins riches qui peinent à développer leur
agriculture, du fait de l’incurie de leurs gouvernants et aussi des fragilités
engendrées par la mondialisation libérale.
* En ce qui
concerne plus globalement le monde rural, les tendances négatives comme les
tendances positives cohabitent. Le maintien de services en rural (boulangerie,
poste…) et la dynamisation de la vie associative dans nos villages ont des
sorts différents. L’intercommunalité y joue un rôle (actuellement les questions
importantes tournent autour de la mise en place des compétences suite à la
modification des intercommunalités et des restrictions par l’État des
dotations) mais aussi la volonté des citoyens de base ; certains villages
ont une belle vie associative alors qu’à coté peu de choses se passent.
Troisième et dernière partie de notre journée d’échange à Andecy
Nos axes de travail collent-ils à la réalité de notre société en pleine évolution? Echanges avec Joël sur la relation
entre l’évolution de la société et nos façons de travailler en mouvements
L’avenir du rural face à la
ville
Chacun fait des choix sociaux et culturels, pour le lieu de
résidence par exemple. On ne se cantonne plus à un espace défini. Qu’est-ce que
l’on veut lorsque l’on vit à la campagne ? Attachement à un patrimoine ?
La vie en rural est dans une phase plutôt critique mais c’est aussi la cas des
centres villes qui se dévitalisent…
Avec la réorganisation des territoires, c’est la relation
entre les ruraux et les dirigeants des nouvelles interco qui se cherche. Il n’y
a plus de discussions sur le plan local autour des besoins des gens, du sens de
la vie. Des lieux de débat sont sans doute à imaginer (valeurs morales ,
questions humaines, respect des gens, etc.) mais il n’a pas assez de personnes
pour créer des liens.
Individualisation accrue
Le fait le plus marquant est
sans doute que la société actuelle met en avant l’individu, rien que l’individu,
avec toute sa liberté de choix.
Il en résulte une grande
diversité dans l’approche des événements de la vie quotidienne et il devient
difficile de déboucher sur des constats communs avec des projets d’action
concrète. C’est l’ère de l’individualisation accrue.
Les jeunes, aujourd’hui, cherchent plus à se fonder en tant qu’individus plutôt que de mettre en avant
des pistes d’action dans la société. Ils ne font plus une analyse globale de cette
société.
Comment promouvoir la place
de l’homme dans la nouvelle société ?
Ce constat vaut aussi pour
nos équipes les plus jeunes, en déphasage avec le but initial de l’Action
catholique. Bien souvent, ces équipes n’affichent pas le besoin de se rattacher
à un mouvement précis.
« La moisson est
abondante, les ouvriers sont peu nombreux… »
Seconde partie de notre journée d’échange à Andecy
Le but de l’opération
consistait à faire le point sur nos sujets de préoccupation pour la saison qui
vient de démarrer afin de vérifier, ensuite, leur adéquation avec l’évolution
de la société actuelle.
ACF L'ACF a engagé l'an passé un plaidoyer à l'aide d'un livret édité qui s'intitule "La juste place des femmes dans les instances décisionnelles de l'Eglise". L'action se poursuit et, pour cette année, nous travaillerons à la réalisation d'un livre "MOTS D'ELLES" composé de deux chapitres. Le premier accueillera des paroles de femmes en ACF et le second devra répondre à la question : "aux regards de nos vies, que pourrions nous souhaiter aux femmes de demain?" Que pourrions nous leur dire en nous appuyant sur cette phrase de l'Abbé Pierre "nous avons autant besoin de raisons de vivre que de quoi vivre".
ACE
Les délégués régionaux,
qui se rencontrent un week-end à Paris tous les deux ans, ont opté pour la
thématique « Plus fort, ensemble! » avec en toile de fond les notions
« d’amitié » et de « solidarité ».
MCC
Le thème proposé par le
national cible « Ré-enchanter le travail, pour quelle société ».
Selon cette instance, il s’agit de « rassembler la diversité de nos
expressions pour nourrir des paroles au sein et à l’extérieur du
mouvement »
Et pour le MEJ que
suivent également Fabienne et Pascal : « Pose ton regard, éclaire le
monde ! ». La construction d’un phare est prévue…
CMR
Pour ce mouvement, il
n’y a pas à proprement parler de thème d’année. Mais dans la revue Agir en
Rural de septembre 2017, le national met en avant un dossier sur
« Consommer autrement, habiter la terre ».
Et le CMR aînés
régional a mis en place une formation pour début novembre intitulée « Nos
territoires ruraux aujourd’hui : quel avenir pour nos territoires, nos
communautés… ? », thématique qui rejoint les préoccupations de
plusieurs équipes locales.
On observe là aussi,
une grande cohérence entre les mouvements dans leurs manières de cibler les
événements de la vie.
Pour booster la rentrée, nous avons imaginé une journée d’échange autour de nos expériences de vie d’équipes et en mouvements. Celle-ci s'est tenue le 15 octobre dernier à au Verbe de Vie à Andecy
Après
un tour de table pour faire connaissance, nous échangeons sur nos expériences
d’équipes et de mouvements. Points forts et faiblesses.
CMR (Dominique
Royer)
Dominique
suit une équipe sur le secteur de Sézanne depuis trois années. Celle-ci se
réunit une fois tous les deux mois pour aborder des sujets en prise avec le
terrain : l’accueil des migrants, les difficultés du travail en famille,
les réalités et conséquences du vieillissement de nos parents, etc.
Le
rôle d’accompagnateur n’est pas si évident. Animer le groupe ne pose pas de
gros problème, mais l’aider à prendre du recul, à faire le lien avec les textes
nécessite une certaine compétence pour laquelle un simple laïc n’est pas spécialement
préparé. Nous comptons trop sur les prêtres. Pendant un moment, le Père Pierre
COLLART était présent.
MCC
(Fabienne et Pascal)
Le
milieu « cadres » est un milieu où les gens bougent ; une équipe
MCC est donc souvent en renouvellement, il faut savoir « appeler ».
Une autre équipe MCC en place s’est tournée vers CVX.
Le
travail constitue la trame principale de l’équipe de Châlons. Cela permet,
entre autre, d’aider les gens qui rencontrent des difficultés dans l’exercice
de leur boulot. L’orientation professionnelle des enfants des membres de
l’équipe a aussi été abordée.
ACE
(Marie-Catherine)
Le
mouvement repose sur un réseau associatif. Les responsables se réunissent une
fois par an pour définir des pistes de travail : thème d’année, formation,
etc.
Les
clubs ACE planchent habituellement sur le thème d’année et sur des questions
relatives à la vie des enfants.
ACF
(Maryse, Chantal et Colette)
L’ACF
agit et soutient depuis 1901 la cause de chacune d’entre nous, dans les domaines politiques, spirituels,
familiaux, sociaux, professionnels..
Le
mouvement dispose d’un siège national avec quelques salariés. C’est le national
qui définit le thème d’année, la solitude des femmes par exemple pour la saison
2016/2017.
La
difficulté actuelle réside dans le manque de renouvellement des équipes. Le
recrutement ne s’avère pas facile car il faut prévoir, en outre, une
responsable d’équipe et un aumônier…
Au
final, et comme nous l’avions déjà fait par le passé, nous observons une grande
similitude entre les mouvements (avec un petit bémol pour l’ACE) dans leur
façon de fonctionner et dans les sujets travaillés.
Comme chaque année, le CMR Ainés organise sa session de formation les 9 et 10 novembre 2017 à la Maison Sainte Croix de Belleu (près de Soissons)
Thématique 2017: « Nos territoires aujourd’hui...» Quel avenir pour nos territoires, nos communautés?
Intervenants Xavier Guiomar, Yves Destraigne, François Mainsant, Edith Errasti, Joël Morlet, Catherine Squevin et Jean-Marc Bocquet. Infos complémentaires et inscriptions avant le 20 octobre auprès de Denise Mahaut (03.26.88.95.04)
Pour eux, Jésus est : le fondateur de leur religion.
Être catholique, c’est : être baptisé.
Leur spiritualité : la religion est de l’ordre du
patrimoine commun, elle est un élément important de leur identité. Elle est
essentiellement là pour rassurer, pour apporter une protection à leur famille.
Leur pratique : ils vont à l’église pour les rites de passage, les fêtes
de famille – mariages, baptêmes, enterrements. Ils demandent des rites à
l’Église mais peuvent les vivre avec une certaine distance. Ils allument un
cierge, donnent à des associations caritatives… Ils sont attachés à l’aspect
culturel, au folklore et aux traditions (les crèches, le clocher…). Ils
apprécient assez la messe en latin.
Leur lieu :
la paroisse, mais souvent ils décrochent de la pratique avec les regroupements
paroissiaux. Ils sont faiblement engagés, mais on peut les trouver dans la
catéchèse.
Leur sociologie : ce sont ceux qu’on appelait les
« non-pratiquants ». Ils représentent la plus grande masse des
catholiques engagés. Ils sont de milieu populaire, mais pas uniquement.
Leurs figures de référence : une marraine, une grand-mère…
Leur vote :
orienté à droite ; c’est le groupe qui a le plus fort électorat FN, même s’il
reste minoritaire (22 %, correspondant à la moyenne nationale).
Très
peu favorables à « La manif pour tous », ils ont un taux élevé de
défiance à l’égard du pape dont ils n’acceptent pas les prises de position sur
les migrants. À leur égard, ils sont très hostiles.
Quand
le diacre qui les préparait au baptême de leurs enfants leur a demandé pourquoi
elle et son mari n’étaient pas mariés religieusement, Sabine l’a reconnu : elle
aurait bien aimé se marier à l’église, « avec
la robe blanche », mais ils avaient déjà leurs deux garçons,
quand elle et son mari sont passés à la mairie.
Peu
importe, « l’essentiel »,
pour cette chaleureuse responsable d’une boutique de prêt-à-porter à Cholet,
était que ses enfants soient baptisés : « C’était
quelque chose de fort pour moi. Je sais qu’au-dessus de moi, il y a quelqu’un
qui va les protéger. C’est ma conception de l’Église. Ceux que j’ai aimés et
qui sont morts aussi vont les protéger. Parfois dans les épreuves, je leur
dis : protégez-moi. »
Sabine
ne va à l’église que pour les baptêmes et les enterrements, mais elle se dit heureuse
d’être marraine plusieurs fois. Son lien à l’Église et à ses racines
catholiques, elle le doit à sa grand-mère, morte il y a un peu plus d’un an, et
à laquelle elle était très attachée : « Quand
on partait en voyage, elle nous disait qu’elle allait prier pour nous. Ça a
beaucoup compté pour moi et je fais comme elle. Ce ne sont pas vraiment des
prières mais plutôt des pensées, ça me rassure. »
Souvent,
il lui arrive d’aller déposer un cierge à la chapelle de Haute-Foy, dans la
campagne de son enfance. Elle et son mari ne manquent jamais une occasion de
s’arrêter pour visiter les églises quand ils voyagent – « les clochers sont le symbole de
notre religion ! » – mais aussi les autres lieux de culte. « En vacances au Maroc,
raconte-t-elle, nous avons pris
un guide pour nous présenter la mosquée et nous aider à mieux comprendre
l’islam. Nous avons des amis musulmans mais nous voulons mieux
comprendre. »