Au
moment où vous, agriculteurs (et artisans), vous vous présentez devant le
Seigneur, c’est avec le paquet de tous les défis que vous vivez : défis de
toute nature, économiques, sociaux et politiques : recherche d’un revenu
décent et d’un travail épanouissant, relations avec les autres acteurs de
l’agro-alimentaire, pression sur les questions environnementales, exigences
administratives de l’État…

Les
valeurs de l’Evangile doivent rester bien vivantes en nous pour que les
décisions et les orientations à prendre soient conformes à ce que le Seigneur
attend de nous : respect de tout être humain et spécialement des plus
fragiles, souci de la construction de la communauté humaine au travers de la
recherche du Bien commun, de la justice et de la solidarité. Sans cesse des
situations nouvelles, de nouvelles connaissances nous obligent à repenser la
manière dont ces valeurs doivent guider notre action.
Ce
qui menace notre monde est un individualisme négatif qui ne prend aucun soin
des plus fragiles, du lien social et du bien commun de notre société alors que
« tous, nous sommes responsables de tous » selon l’expression du pape
Jean-Paul II. L’épisode
de la guérison du sourd-muet par Jésus peut éclairer le chemin à prendre pour
résister à ce qui menace notre humanité. Le danger est de ne plus être capable
d’écouter, de ne plus juger utile de parler alors qu’il nous faut être capable
d’entendre et de prendre la parole.
Cette
surdité et ce mutisme touchent particulièrement ceux qui connaissent des
difficultés et dont la vie familiale et personnelle est menacée : face à
une situation très difficile, ils n’entendent plus, ils ne parlent plus et peu
à peu ils s’enferment incapables de faire face à cette situation. La trappe se
referme peu à peu et la solitude gagne. Face à ces situations, il est d’autant
plus urgent qu’ils puissent rencontrer quelqu’un qui les écoute et leur parle.
C’est difficile mais il ne faut surtout ne pas se détourner ou rester
indifférent par facilité.
Mais c’est sans doute plus globalement qu’il nous faut réapprendre à écouter, à s’écouter, à parler, à se parler. L’individualisme qui équipe d’œillères peut quelquefois conduire à l’autisme. Le refus de l’autre, de ses convictions et choix différent se mue en agressivité et en colère. Pour que notre parole soit juste, il faut que notre écoute soir réelle. Dans ce monde complexe, il est si facile de simplifier, de penser en noir et blanc. « Trois minutes pour comprendre » : tel est le slogan d’une radio ; qu’est-ce qui peut être compris en trois minutes ?
Mais c’est sans doute plus globalement qu’il nous faut réapprendre à écouter, à s’écouter, à parler, à se parler. L’individualisme qui équipe d’œillères peut quelquefois conduire à l’autisme. Le refus de l’autre, de ses convictions et choix différent se mue en agressivité et en colère. Pour que notre parole soit juste, il faut que notre écoute soir réelle. Dans ce monde complexe, il est si facile de simplifier, de penser en noir et blanc. « Trois minutes pour comprendre » : tel est le slogan d’une radio ; qu’est-ce qui peut être compris en trois minutes ?

Partager,
s’écouter, se parler, n’est-ce pas le cœur de l’Eucharistie que nous célébrons.
Comme nous l’entendions dans la première lecture, nous avons certainement
besoin du Christ et de sa force pour rester dans le monde d’aujourd’hui des
gens persuadés qu’il est important de perdre du temps à parler à son voisin,
qu’il faut rester ouvert sur le monde afin de découvrir la diversité et la
richesse des autres. Il est peut-être difficile de s’asseoir autour d’une table
pour envisager ensemble une situation et réfléchir à une solution partagée mais
c’est ce que le Seigneur a voulu faire en partageant notre humanité, en
s’asseyant pour un repas avec des apôtres dont il ne connaissait que trop les
limites.