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jeudi 8 décembre 2016

Saint Eloi 2016. Une crise du sens de l'homme...

Suite au constat réalisé par le groupe de préparation de la St Eloi relaté dans l'article précédent, Joël propose aux célébrants un support pour l'homélie.

Pistes pour l'homélie de la St Eloi

Si vous le pouvez, le mieux est de vivre un partage avec les agriculteurs de votre paroisse où ils expriment ce qu’ils vivent actuellement et où on cherche ensemble la manière dont la Parole de Dieu peut éclairer leur vie)

* (Accroche pour commencer l'homélie) : « Régulièrement on me fait remarquer ironiquement qu'il y a de moins en moins de gens qui usent les pavés des églises,... ce qui n'est pas vrai en ce jour de Saint Eloi. A cela, je réponds aussi régulièrement que ce qui m'inquiète et inquiète sûrement le Seigneur, ce n'est pas l'usure des pavés, c'est ce que devient notre humanité, notre société. » Dans une société gagnée par le pessimisme, la Parole de Dieu peut éclairer les raisons de nos difficultés et proposer des orientations.

* En effet derrière les difficultés économiques, politiques, sociales qui marquent l'agriculture mais aussi bien d'autres domaines, c'est une crise du sens de l'homme qui se joue. Deux conceptions en effet s'affrontent. Il y a une conception individualiste où la société est une juxtaposition d'individus qui défendent chacun ses intérêts et il y a une conception relationnelle où l'homme ne peut s'épanouir qu'au sein d'une communauté humaine solidaire. La question nous est alors posée : quelle conception nous habite ?

* Lors d'une émission télévisée présentant des personnes ayant réussi économiquement, il était demandé à l'un d'eux ce qui le motivait à être riche ; il avait répondu : « Comme cela, je n'ai besoin de personne ». Il avait oublié qu'il avait eu besoin de quelqu'un pour naître mais cela n'est pas étonnant car l'individualisme impacte autant la famille que la vie économique.  Il oubliait aussi que de multiples manières nous sommes inter-dépendants ; le fait de payer ne supprime pas la reconnaissance à avoir pour ce que l'autre nous apporte.

* Le chacun pour soi défait peu à peu le lien social et rend difficile la vie ensemble. Un sentiment dominant tend à s'installer qui est celui d'une perte de confiance, perte de confiance envers le monde politique, perte de confiance envers les médias... la méfiance s'installe et domine les relations. Le dénigrement des autres catégories sociales semble être un sport prisé. L'autre qui vient vers moi, surtout s'il est différent, m’apparaît dans cet esprit comme quelqu'un d'intéressé, peut-être un concurrent et quelquefois comme une menace. Plus rarement comme offrant une collaboration possible.

* L’intérêt général est autre chose que l’addition d’intérêts particuliers. Mais comment le faire comprendre dans la sphère économique ? Comment dépasser l’immédiateté ?

* Cela peut-il durer ? Au nom de notre foi chrétienne qui nous invite à nous aimer les uns les autres, nous sommes porteurs d'une autre conception de l'homme. En effet l'approche individualiste et utilitaire est nocive pour notre humanité. L'homme est d'abord un être qui a besoin de relation. Le lien à l'autre fait partie de sa nature et il est nécessaire à son épanouissement. La vie ensemble est un point de départ et elle est aussi un objectif essentiel : établir une vraie fraternité entre tous. Il s'agit de construire ensemble le bien de tous. Le salut que le Christ est venu apporter à l'humanité est d'abord, et avant tout, une réconciliation, une communion.

* Heureux ceux qui s'investissent -et il y en a- dans la vie professionnelle, associative, civique pour créer du lien, imaginer et construire avec d'autres. Heureux ceux qui le font avec patience et persévérance malgré les difficultés. Le bonheur se construit avec les autres et non pas au détriment des autres.


* C'est notre dignité de nous sentir responsables non seulement de nous-mêmes mais aussi de ceux qui vivent avec nous sur cette terre. Souvent il y a déjà un intérêt économique à travailler ensemble mais c'est plus profondément une question d'humanité que d'être engagé dans des liens amicaux et cordiaux. Les relations nous enrichissent intérieurement et l'être est plus important que l'avoir. Nous connaissons le slogan : « nous avons plus besoin de voisins que d'hectares ». Est-ce qu'il n'y a pas trop peu de gens à y croire ?

* Certains pourraient dire qu'une telle conception dans le monde actuel n'est pas réaliste mais laisser notre société  se déliter dans un libéralisme sans frein, est-ce réaliste ? Un jour ou l'autre, il faut payer la facture.

* En cette fête de Saint Eloi, nous nous rappelons que c'est donc au travers de notre vie de travail et de loisirs que nous avons à œuvrer pour une communion entre tous : mettre en relation en considérant a priori que les différences peuvent être sources de richesse, prendre le temps du dialogue gratuit, aimer construire avec d'autres des projets qui sont des progrès humains. Mais aussi quelquefois aider à se comprendre, à dépasser des conflits, travailler à des réconciliations. C'est une grâce à demander à Dieu car trop souvent les tendances individualistes sont plus puissantes que les tendances à la fraternité et à la communion.

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